voyant nulle part cet intérêt aussi bien aéfendu que dans le stoïcisme, il chercha à concilier cette philosophie avec celle d’Aristote et de Platon ; il allégua, en conséquence, que ces divers systèmes n’offrent de différences entre eux que dans la forme, mais qu’ils ne se distinguent pas les uns des autres, pour le fond, et qu’il ne faut que les entendre convenablement, pour que la conciliation se trouve opérée d’une manière évidente. C’est ainsi qu’Antiochus introduisit le syncrétisme dans l’Académie, et remplit le rôle de médiateur entre le platonisme ancien et l’école néo-platonicienne, qui. une fois entrée dans cette voie, ne tarda pas à le laisser bien loin derrière elle. Ce philosophe est fréquemment cité par les anciens, et surtout par Cicéron, avec lequel il entretenait des relations d’étroite amitié (Cic., Acad., lib. I. c. iv ; lib. II, c.iv, ix, xxii, xxxiv. xxxv, xliii ; Epist. adfam., lib. IX. ep. vm ; ae Finibus, lib. V, c. m. v, xxv ; de Nat. Dcor., lib. VII). Voy. aussi Plu— t.irque, Vita Ciceronis. — Sextus Emp., Hypoth. Pyrrh.. lib. I, c. ccxx, ccxxv. —Eusèbe, Prœp. evang., lib. XIV, c. ix. —Saint Augustin^ contra Acaa., \ïb. III, c. xvm. — Zwanziger, Tlicoricdes stoïciens et des philosophes académiciens, etc., in-8, Leipzig, 1788. — Chappuis, de Antiochi Ascalonitce vita et doctrina, 1854, in-8.
antiochus de Laodicée, un philosophe sceptique qui vivait dans le Ier et le ne siècle avant J. C. ; on n’a aucun renseignement sur lui, sinon qu’il fut disciple de Zeuxis et maître de Mé— nodote.
ANTIPATER de Cyrène, disciple immédiat d’Aristippe, le fondateur de l’école cyrénaïque. Il vivait dans le ive siècle avant J. C., et ne s’est pas distingué par ses opinions personnelles, qui étaient en harmonie parfaite avec celles de’l’école dont il faisait partie. On en trouve la preuve dans ce que Cicéron dit à propos de lui dans ses Tusculanes (lib. V, c. xxxvm).
ANTIPATER de Sidon ou de Tarse, philosophe stoïcien du ne siècle avant J. C. Disciple de Diogène le Babylonien, maître de Panétius et contemporain de Carnéade, il combattit dans ses écrits ce redoutable adversaire du stoïcisme ; de là lui vint le surnom de Salamoboas (de κάλαμος, plume, et de βοάω, crier).
Cependant quelques stoïciens jugèrent son argumentation insuffisante, parce qu’il se contentait d’accuser ses adversaires d’inconséquence sans entrer plus avant dans l’examen de leur système (Cic., Acad., lib. II, c. vi, ix, xxxrv). On n’a rien conservé dés écrits d’Antiochus ; nous savons seulement (Cic. ; de Divin., lib. I, c. iv) qu’il fut l’auteur d’un écrit intitulé : De iis quœ mirabiliter a Socrate divinata sunt. Plutarque nous apprend qu’il reconnaissait dans la nature divine trois attributs principaux : la béatitude, l’immutabilité, la bonté. Différant en cela des autres stoïciens, il ne croyait pas que nos désirs, par cela seul que nous les tenons de la nature, pussent être regardés comme libres ; mais il établissait, au contraire, une distinction entre ia liberté ét la nécessité que la nature nous impose (Nemes. de Nat. hom.). Quant au souverain bien, il s’est contenté d’éclaircir ce principe si commun dans l’école stoïcienne, que le but de la vie, c’est de vivre conformément à la nature (Stob., Ecl.). Antipater accorde quelque prix aux biens extérieurs, regardés par les autres stoïciens comme entièrement indifférents ; enfin Cicéron nous apprend (de Off., lib. III, c. xii) que, sur plusieurs points particuliers, il portait plus loin que son maître la sévérité stoïcienne. Toutes ces différences en firent le chef d’une secte particulière à laquelle il donna son nom.— Il a existé aussi, un siècle avant l’èro chrétienne, un autre stoïcien du même nom. originaire de Tyr (Anti/ ater Tyrius), sur lequel on n’a pas d’autres renseignements.
ANTIPATHIE (de άντί et de πάθος, passion contraire). On appelle ainsi, dans l’homme, un mouvement aveugle et instinctif qui, sans cause appréciable, nous éloigne d’une personne que nous apercevons souvent pour la première fois. Tout sentiment analogue, dont nous connaissons la cause et l’origine, n’est plus de Vantipathie, mais de la haine, ou de l’envie, ou de la colère’selon les circonstances au sein desquelles il s’est développé. Il est, par conséquent, très-difficile de savoir quelque chose de certain sur la nature et l’origine véritable de l’antipathie. Faut-il la compter parmi les sensations ou parmi les sentiments ? Est-elle fondée sur la constitution de l’àme et sur celle du corps ? La dernière solution pourrait s’appuyer au besoin sur les antipathies de races entre plusieurs espèces d’animaux. Dans tous les cas, un mouvement aussi aveugle ne doit point être écouté ; il faut juger les autres par leurs actions, et se conduire soi— même d’après les principes avoués par la raison.
ANTISTHENE, le fondateur de l’école cynique, naquit à Athènes, d’un père athénien et d’une mère phrygienne ou thrace, la deuxième année de la lxxxix·· olympiade, c’est-à-dire 422 ans avant l’ère chrétienne. Il suivit d’abord les leçons de Gorgias, et ouvrit lui-même une école de sophistes et de rhéteurs. Mais, ayant assisté un jour aux entretiens de Socrate, il s’attacha irrévocablement à ce philosophe, et devint l’un de ses disciples les plus fervents, sinon les plus éclairés. 11 faisait tous les jours un trajet de 40 stades pour se rendre du Pirée, où il demeurait. à la maison de son nouveau maître. Ce qui le frappait surtout dans la philosophie et dans la conduite de Socrate, c’était le mépris des richesses, la patience à supporter tous les maux et l’empire absolu de lui-même. Mais, au lieu de remonter jusqu’au principe de ces vertus et de les maintenir dans leurs justes limites, Antis— thène les poussa à un degré d’exagération qui les rendait impraticables, qui leur ôtait toute noblesse et qui le couvrait lui-même de ridicule. Déjà Socrate avait vainement essayé de lutter contre ces excès, où il méconnaissait le fruit de son enseignement, et qu’il attribuait avec beaucoup de sens à la seule envie de se distinguer ; de là ce mot spirituel de Platon : « Antisthène, je vois ton orgueil à travers les trous de ton manteau. » Mais après la mort de Socrate. Antisthène ne connut plus de frein. Vêtu seulement d’un manteau, les pieds nus, une besace sur l’épaule, la barbe et les cheveux en désordre, un bâton à la main, il voulut, par son exemple, et en leur offrant pour tout attrait cet extérieur ignoble, ramener les hommes à la simplicité de la nature. Cependant sa singularité même attira autour de lui un certain nombre de disciples qu’il réunissait dans le Cynosarge, gymnase situé près du temple d’Hercule. De là, et bien plus encore de leur mépris pour toute décence, leur vint le nom de philosophes cyniques, car ils s’appelaient eux-mêmes les Antisthéniens. Leur patience fut bientôt à bout, et Antisthène, en mourant, vit l’école qu’il avait fondée représentée tout entière par Diogène de Sinope.
La doctrine d’Antisthène n’est intéressante que par les conséquences qu’elle porta plus tard dans l’école stoïcienne, dont elle est le véritable antécédent : donner à l’homme la pleine jouissance de sa liberté en l’affranchissant de tous les besoins factices, et en le ramenant à la simplicité