Page:Franck - Le communisme jugé par l'histoire, 1871.djvu/93

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nouveaux apôtres du communisme qui, dans un langage plein de candeur et presque onctueux, nous assurent que leur triomphe sera l’œuvre de la persuasion, que les gentils et le peuple de Dieu, je veux dire les riches et les pauvres, seront également convertis, et à l’aspect de la Jérusalem nouvelle, de la céleste Icarie, se réuniront dans un éternel baiser de paix. Cette foi robuste et ces sentiments évangéliques, je veux bien les croire parfaitement sincères ; mais que nous importent les hommes ? Quel intérêt avons-nous à savoir s’ils sont bons ou méchants, clairvoyants ou aveugles, dissimulés ou convaincus ? Nous nous occupons de leurs systèmes et des effets qu’ils peuvent produire sur la société dont ils attaquent les bases. J’ajouterai, pour finir, que le communisme conséquent ne s’arrête pas à Babœuf. Babœuf voulait conserver la famille ; on dit que lui-même, dans son intérieur, en pratiquait toutes les vertus ; mais la famille repose sur des sentiments et sur des devoirs, plutôt que sur des relations matérielles. Elle a pour conditions, d’une part, l’autorité et le sacrifice ; de l'autre, la soumission et la reconnaissance, la génération morale, c’est-à-dire l'éducation, encore plus que la génération physique. Rien de tout cela ne peut exister dans un ordre social où le sacrifice est impossible par l’abolition de la propriété ; où l’autorité paternelle et la reconnaissance filiale sont supprimées par l’éducation commune. Le dernier