Page:Franck - Le communisme jugé par l'histoire, 1871.djvu/96

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et l’émancipation des passions, la suppression de l’inégalité des hommes par la suppression de la propriété ; nous les avons rencontrés dans quelqu’hérésie religieuse, dans quelque roman philosophique ou quelqu’utopie révolutionnaire dont le nom même ne peut plus être retrouvé qu’avec effort. Elles sont aussi anciennes que l’envie, que la sensualité, que la paresse ; car elles ne sont le plus souvent que ces passions elles-mêmes érigées en principes et transformées en droits.


Voici une seconde observation à laquelle ne manqueront pas de s’arrêter les esprits attentifs. Ainsi qu’on a pu s’en convaincre par les doctrines de Mably, de Morelly, de Babœuf et des anabaptistes du seizième siècle, le but que le communisme poursuit avant tout, c’est l’égalité de tous les membres du corps social. Mais l’égalité, telle qu’il la comprend, telle qu’il la veut et la promet à ses adeptes, est de toutes les chimères créées par l’imagination des utopistes la plus irréalisable et la plus malfaisante. L’égalité, si on la transporte hors du droit, si on la considère comme un niveau identique imposé aux faits, je veux dire au degré de pouvoir, de bien-être, d’influence, d’instruction, de valeur personnelle qu’on veut mesurer aux hommes réunis en société ; l’égalité entendue de cette manière est absolument