Page:Franklin - La Science du bonhomme Richard.djvu/11

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écrivains dans le même genre, m’honorer de quelques éloges, ni aucun auteur faire la moindre mention de moi ; de sorte que, sans le petit profit effectif que j’ai fait sur mes productions, la disette d’applaudissemens m’aurait totalement découragé.

J’ai conclu à la fin que le meilleur juge de mon mérite était le peuple, puisqu’il achetait mon almanach, d’autant plus qu’en me répandant dans le monde, sans être connu, j’ai souvent entendu répéter par celui-ci ou celui-là quelqu’un de mes adages, en ajoutant toujours à la fin : comme dit le bonhomme Richard. Cela m’a fait quelque plaisir, et m’a prouvé que non-seulement on faisait cas de mes leçons, mais qu’on avait encore quelque respect pour mon autorité ; et j’avoue que, pour encourager d’autant plus le monde à se rappeler mes maximes et à les répéter, il m’est arrivé quelquefois de me citer moi-même du ton le plus grave. Jugez d’après cela com-