Page:Franklin - La Science du bonhomme Richard.djvu/12

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bien je dus être content d’une aventure que je vais vous rapporter.

Je m’arrêtai l’autre jour à cheval dans un endroit où il y avait beaucoup de monde assemblé pour une vente publique. L’heure n’étant pas encore venue, la compagnie causait sur la dureté des temps ; et quelqu’un s’adressant à un personnage en cheveux blancs, et assez bien mis, lui dit : « Et vous, père Abraham, que pensez-vous de ce temps-ci ? N’êtes-vous pas d’avis que la pesanteur des impositions finira par détruire ce pays-ci de fond en comble ? car, comment faire pour les payer ? quel parti voudriez-vous qu’on prît là-dessus ? » Le père Abraham fut quelque temps à réfléchir, et répliqua : « Si vous voulez savoir ma façon de penser, je vais vous la dire en peu de mots : car pour l’homme bien avisé, il ne faut que peu de paroles. Ce n’est pas la quantité de mots qui remplit le