Page:Franklin - Vie Tome I (1797-1798).djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
322
Œuvres Morales,

truction, tandis que rien n’a été épargné pour la bien élever. Elle avoit des maîtres qui lui apprenoient à écrire, à dessiner, à jouer des instrumens : mais si par hazard je touchois un crayon, une plume, une aiguille, j’étois aussitôt cruellement grondée ; j’ai même été battue plus d’une fois, parce que je manquais d’adresse et de grâce. Il est vrai que quelquefois ma sœur m’associe à ses entreprises : mais elle a toujours grand soin de prendre le devant, et de ne se servir de moi que par nécessité, ou pour figurer auprès d’elle.

Ne croyez pas, messieurs, que mes plaintes ne soient excitées que par la vanité. Non. Mon chagrin a un motif bien plus sérieux. D’après un usage établi dans ma famille, nous sommes obligées, ma sœur et moi, de pourvoir à la subsistance de nos parens. Je vous dirai, en confidence, que ma sœur est sujette à la goutte, aux rhumatismes, à la crampe, sans compter beaucoup d’autres accidens. Or, si elle éprouve quelqu’indisposition,