Page:Franklin - Vie Tome I (1797-1798).djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
Vie

Mais comme mon père étoit alors d’accord avec mon frère, je pensai que si j’essayois de m’en aller ouvertement, on prendroit des mesures pour m’arrêter. Mon ami Collins se chargea de favoriser ma fuite. Il fit marché pour mon passage avec le capitaine d’une corvette de New-York. En même-temps, il me représenta à ce marin comme un jeune homme de sa connoissance, lequel avoit eu affaire avec une fille débauchée, dont les parens vouloient le forcer à l’épouser, et il dit qu’en conséquence je ne pouvois ni me montrer ni partir publiquement. Je vendis une partie de mes livres pour me procurer une petite somme d’argent, et je me rendis secrètement à bord de la corvette. Favorisé par un bon vent je me trouvai, en trois jours, à New-York, à près de trois cents milles de chez moi. Je n’étois âgé que dix-sept ans, je ne connoissois personne dans le pays où je venois d’arriver, et je n’avois que fort peu d’argent dans ma poche.

L’inclination que je m’étais sentie pour