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Vie

naire. En traversant la baie, nous essuyâmes un coup de vent qui mit en pièces nos voiles déjà pourries, nous empêcha d’entrer dans le Kill et nous jeta sur les côtes de Long-Island[1].

Pendant le mauvais temps, un Hollandais, ivre, qui, comme moi, étoit passager à bord du bateau, tomba dans la mer. À l’instant où il s’enfonçoit, je le saisis par le toupet, le tirai à bord et le sauvai. Cette immersion le désenivra un peu, et il s’endormit tranquillement après avoir tiré de sa poche un volume qu’il me pria de faire sécher. Je vis bientôt que ce volume étoit la traduction hollandaise des Voyages de Bunyan, mon ancien livre favori. Il étoit parfaitement bien imprimé, sur de très-beau papier et orné de gravures en taille-douce ; parure sous laquelle je ne l’avois jamais vu dans sa langue originale. J’ai su depuis qu’il a été traduit dans la plupart des langues de l’Europe ; et je suis persuadé qu’après la Bible, c’est un

  1. L’île Longue.