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de B. Franklin.

chercher pour tirer son élégie. Il s’étoit alors procuré d’autres caractères, et il avoit à réimprimer un pamphlet sur lequel il me mit à l’ouvrage.

Les deux imprimeurs de Philadelphie me parurent dénués de toutes les qualités nécessaires dans leur profession. Bradford n’avoit point appris son état, et étoit absolument illettré. Keimer, quoique moins ignorant, n’étoit qu’un simple compositeur, et n’entendoit rien au travail de la presse. Il avoit été un des convulsionnaires français, et savait fort bien imiter leurs agitations surnaturelles. Au moment de notre connoissance, il ne suivoit aucune religion particulière, mais il professoit un peu de toutes, suivant les circonstances. Il ne connoissoit absolument point le monde ; et il avoit l’ame d’un fripon, ainsi que j’ai eu, depuis, occasion de l’éprouver.

Keimer voyoit avec beaucoup de peine que, travaillant avec lui, je fusse logé chez Bradford. Il avoit bien une maison ; mais elle n’étoit pas meublée, et conséquemment il ne pouvoit pas m’y recevoir.