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Vie

lui demandions s’il vouloit ramer, et nous lui donnions, en même-temps, quelques coups d’aviron sur les mains, afin de lui faire lâcher prise. Prêt à suffoquer de colère, il refusoit obstinément de promettre qu’il rameroit. Cependant, nous étant apperçus qu’il commençoit à perdre ses forces, nous le mîmes dans le canot, et le soir, nous le conduisîmes encore tout trempé jusqu’à la maison.

Après cette aventure, nous vécûmes, lui et moi, dans la plus grande froideur. Enfin, un capitaine qui naviguoit aux Antilles, et s’étoit chargé de procurer un instituteur aux enfans d’un planteur de la Barbade, fit la connoissance de Collins, et lui proposa cette place. Collins l’accepta, et prit congé de moi, en me promettant de me faire payer ce qu’il me devoit, avec le premier argent qu’il pourroit toucher : mais je n’ai plus entendu parler de lui.

La violation du dépôt, que m’avait confié Vernon, fut une des premières grandes erreurs de ma vie. Elle prouve