Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/121

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été renseigné entre temps par personne, on est autorise à conclure, qu’avant même d’être poussé, incité à se souvenir, il connaissait les événements qui se sont passés pendant son sommeil hypnotique. Seulement, ces événements lui restaient inaccessibles, il ne savait pas qu’il les connaissait, il croyait ne pas les connaître. Il s’agissait donc d’un cas tout à fait analogue à celui que nous soupçonnons chez le rêveur.

Le fait que je viens d’établir va sans doute vous surprendre et vous allez me demander : mais pourquoi n’avez-vous pas eu recours à la même démonstration à propos des actes manqués, alors que nous en étions venus à attribuer au sujet ayant commis un lapsus des intentions verbales dont il ne savait rien et qu’il niait ? Dès l’instant où quelqu’un croit ne rien savoir d’événements dont il porte cependant en lui le souvenir, il n’est pas du tout invraisemblable qu’il ignore bien d’autres de ses processus psychiques. Cet argument, ajouteriez-vous, nous aurait certainement fait impression et nous eût aidé à comprendre les actes manqués. Il est certain que j’aurais pu y avoir recours à ce moment-là, si je n’avais voulu le réserver pour une autre occasion où il me paraissait plus nécessaire. Les actes manqués vous ont en partie livré leur explication eux-mêmes, et pour une autre partie ils vous ont conduits à admettre, au nom de l’unité des phénomènes, l’existence de processus psychiques ignorés. Pour le rêve, nous sommes obligés de chercher des explications ailleurs, et je compte en outre qu’en ce qui le concerne, vous admettrez plus facilement son assimilation à l’hypnose. L’état dans lequel nous accomplissons un acte manqué doit vous paraître normal, sans aucune ressemblance avec l’état hypnotique. Il existe, au contraire, une ressemblance très nette entre l’état hypnotique et l’état de sommeil qui est la condition du rêve. On appelle en effet l’hypnose sommeil artificiel. Nous disons à la personne que nous hypnotisons : dormez ! Et les suggestions que nous lui faisons peuvent être comparées aux rêves du sommeil naturel. Les situations psychiques sont, dans les deux cas, vraiment analogues. Dans le sommeil naturel, nous détournons notre attention de tout le monde extérieur ; dans le sommeil hypnotique, nous en faisons autant, à