Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/132

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exacte et facilement intelligible, est irréprochable.

Si nous étendons notre manière de voir de l’élément séparé au rêve total, nous trouvons que le rêve total constitue une substitution déformée d’un événement inconscient et que l’interprétation des rêves a pour tâche de découvrir cet inconscient. De cette constatation découlent aussitôt trois principes auxquels nous devons nous conformer dans notre travail d’interprétation — 1º La question de savoir ce que tel rêve donné signifie ne présente pour nous aucun intérêt. Qu’il soit intelligible ou absurde, clair ou embrouillé, peu nous importe, attendu qu’il ne représente en aucune façon l’inconscient que nous cherchons (nous verrons plus tard que cette règle comporte une limitation) ; 2º notre travail doit se borner à éveiller des représentations substitutives autour de chaque élément, sans y réfléchir, sans chercher à savoir si elles contiennent quelque chose d’exact, sans nous préoccuper de savoir si et dans quelle mesure elles nous éloignent de l’élément du rêve ; 3º on attend jusqu’à ce que l’inconscient caché, cherché, surgisse tout seul, comme ce fut le cas du mot Monaco dans l’expérience citée plus haut.

Nous comprenons maintenant combien il importe peu de savoir dans quelle mesure, grande ou petite, avec quel degré de fidélité ou d’incertitude on se souvient d’un rêve. C’est que le rêve dont on se souvient ne constitue pas ce que nous cherchons à proprement parler, qu’il n’en est qu’une substitution déformée qui doit nous permettre, à l’aide d’autres formations substitutives que nous faisons surgir, de nous rapprocher de l’essence même du rêve, de rendre l’inconscient conscient. Si donc notre souvenir a été infidèle, c’est qu’il a fait subir à cette substitution une nouvelle déformation qui, à son tour, peut être motivée.

Le travail d’interprétation peut être fait aussi bien sur ses propres rêves que sur ceux des autres. On apprend même davantage sur ses propres rêves, car ici le processus d’interprétation apparaît plus démonstratif. Dès qu’on essaie ce travail, on s’aperçoit qu’il se heurte à des obstacles. On a bien des idées, mais on ne les laisse pas s’affirmer toutes. On les soumet à des épreuves et à un choix. À propos de l’une on dit : non, elle ne s’accorde