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Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/133

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pas avec mon rêve, elle n’y convient pas ; à propos d’une autre : elle est trop absurde ; à propos d’une troisième : celle-ci est trop secondaire. Et l’on peut observer que grâce à ces objections, les idées sont étouffées et éliminées avant qu’elles aient le temps de devenir claires. C’est ainsi que, d’un côté, on s’attache trop à la représentation initiale, à l’élément du rêve et, de l’autre, on trouble le résultat de l’association par un parti pris de choix. Lorsque, au lieu d’interpréter soi-même son rêve, on le laisse interpréter par un autre, un nouveau mobile intervient pour favoriser ce choix illicite. On se dit parfois : non, cette idée est trop désagréable, je ne veux pas ou ne peux pas en faire part.

Il est évident que ces objections sont une menace pour la bonne réussite de notre travail. On doit se préserver contre elles : lorsqu’il s’agit de sa propre personne, on peut le faire en prenant la ferme décision de ne pas leur céder ; lorsqu’il s’agit d’interpréter le rêve d’une autre personne, en imposant à celle-ci comme règle inviolable de ne refuser la communication d’aucune idée, alors même que cette personne trouverait une idée donnée trop dépourvue d’importance, trop absurde, sans rapport avec le rêve ou désagréable à communiquer. La personne dont on veut interpréter le rêve promettra d’obéir à cette règle, mais il ne faudra pas se fâcher si l’on voit, le cas échéant, qu’elle tient mal sa promesse. D’aucuns se diraient alors que, malgré toutes les assurances autoritaires, on n’a pas pu convaincre cette personne de la légitimité de la libre association, et penseraient qu’il faut commencer par gagner son adhésion théorique en lui faisant lire des ouvrages ou en l’engageant à assister à des conférences susceptibles de faire d’elle un partisan de nos idées sur la libre association. Ce faisant, on commettrait en fait une erreur et, pour s’en abstenir, il suffira de penser que bien que nous soyons sûrs de notre conviction à nous, nous n’en voyons pas moins surgir en nous, contre certaines idées, les mêmes objections critiques, lesquelles ne se trouvent écartées qu’ultérieurement, autant dire en deuxième instance.

Au lieu de s’impatienter devant la désobéissance du rêveur, on peut utiliser ces expériences pour en tirer de nouveaux enseignements, d’autant plus importants qu’on