Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/134

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y était moins préparé. On comprend que le travail d’interprétation s’accomplit à l’encontre d’une certaine résistance qui s’y oppose et qui trouve son expression dans les objections critiques dont nous parlons. Cette résistance est indépendante de la conviction théorique du rêveur. On apprend même quelque chose de plus. On constate que ces objections critiques ne sont jamais justifiées. Au contraire, les idées qu’on voudrait ainsi refouler se révèlent toujours et sans exception comme étant les plus importantes et les plus décisives au point de vue de la découverte de l’inconscient. Une objection de ce genre constitue pour ainsi dire la marque distinctive de l’idée qu’elle accompagne.

Cette résistance est quelque chose de nouveau, un phénomène que nous avons découvert grâce à nos hypothèses, mais qui n’était nullement impliqué dans celles-ci. Ce nouveau facteur introduit dans nos calculs une surprise qu’on ne saurait qualifier d’agréable. Nous soupçonnons déjà qu’il n’est pas fait pour faciliter notre travail. Il serait de nature à paralyser tous nos efforts en vue de résoudre le problème du rêve. Avoir à faire à une chose aussi peu importante que le rêve et se heurter à des difficultés techniques aussi grandes ! Mais, d’autre part, ces difficultés sont peut-être de nature à nous stimuler et à nous faire entrevoir que le travail vaut les efforts qu’il exige de nous. Nous nous heurtons toujours à des difficultés lorsque nous voulons pénétrer, de la substitution par laquelle se manifeste l’élément du rêve, jusqu’à son inconscient caché. Nous sommes donc en droit de penser que derrière la substitution se cache quelque chose d’important. Quelle est donc l’utilité de ces difficultés si elles doivent contribuer à maintenir dans sa cachette ce quelque chose de caché ? Lorsqu’un enfant ne veut pas desserrer son poing pour montrer ce qu’il cache dans sa main, c’est qu’il y cache quelque chose qu’il ne devrait pas cacher.

Au moment même où nous introduisons dans notre exposé la conception dynamique d’une résistance, nous devons avertir qu’il s’agit là d’un facteur quantitativement variable. La résistance peut être grande ou petite, et nous devons nous attendre à voir ces différences se manifester au cours de notre travail. Nous pouvons peut-être