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Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/172

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Il est en outre tout à fait singulier, même au point de vue des connexions dont il sera question plus tard, que la conception symbolique des rapports entre le rêve et l’inconscient se soit heurtée à une résistance des plus acharnées. Même des personnes réfléchies et autorisées, qui n’avaient à formuler contre la psychanalyse aucune objection de principe, ont refusé de la suivre dans cette voie. Et cette attitude est d’autant plus singulière que le symbolisme n’est pas une caractéristique propre au rêve seulement et que sa découverte n’est pas l’œuvre de la psychanalyse qui a cependant fait par ailleurs beaucoup d’autres découvertes retentissantes. Si l’on veut à tout prix placer dans les temps modernes la découverte du symbolisme dans les rêves, on doit considérer comme son auteur le philosophe K.-A. Scherner (1861). La psychanalyse a fourni une confirmation à la manière de voir de Scherner, en lui faisant d’ailleurs subir de profondes modifications.

Et maintenant vous voudrez sans doute apprendre quelque chose sur la nature du symbolisme dans les rêves et en avoir quelques exemples. Je vous ferai volontiers part de ce que je sais sur ce sujet, tout en vous prévenant que ce phénomène ne nous est pas encore aussi compréhensible que nous le voudrions.

L’essence du rapport symbolique consiste dans une comparaison. Mais il ne suffit pas d’une comparaison quelconque pour que ce rapport soit établi. Nous soupçonnons que la comparaison requiert certaines conditions, sans pouvoir dire de quel genre sont ces conditions. Tout ce qui peut servir de comparaison avec un objet ou un processus n’apparaît pas dans le rêve comme un symbole de cet objet ou processus. D’autre part, le rêve, loin de symboliser sans choix, ne choisit à cet effet que certains éléments des idées latentes du rêve. Le symbolisme se trouve ainsi limité de chaque côté. On doit convenir également que la notion de symbole ne se trouve pas encore nettement délimitée, qu’elle se confond souvent avec celles de substitution, de représentation, etc., qu’elle se rapproche même de celle d’allusion. Dans certains symboles, la comparaison qui sert de base est évidente. Mais il en est d’autres à propos desquels nous sommes obligés de nous demander où il faut chercher