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Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/21

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ou à l’occasion de ces événements, par tous les désirs qui n’ont pu trouver satisfaction. Ces expériences, souvenirs, traces, sentiments et désirs sont éliminés de la vie consciente, soit parce que, ayant rempli leur rôle dans la vie de l’individu, ils ont perdu toute nécessité ou utilité, soit parce que, incompatibles avec les conventions de la vie sociale, ils exposeraient l’individu qui les ferait valoir dans la vie réelle aux peines et châtiments que la société réserve à ceux qui ne se conforment pas à ses prescriptions et exigences. Refoulés, mais non supprimés, ces sentiments et désirs acquièrent dans certains cas tous les caractères de germes morbides et créent les états pathologiques connus sous le nom de névroses. Ce qui caractérise en effet ces états, c’est que les sentiments et désirs en question, ne pouvant pas se manifester, à cause de la répression qu’ils ne cessent de subir, sous leur jour véritable, authentique, se créent une issue par des voies détournées, sous des apparences faites pour donner le change quant à leur véritable nature et connues sous le nom de symptômes. Démasquer ces symptômes, les dépouiller de leurs apparences trompeuses, les rattacher à leur source, rendre leurs causes et origines conscientes au malade, — tel est, nous l’avons vu, le but de la psychanalyse.

Mais la vie inconsciente ne se manifeste pas seulement sous la forme pathologique de symptomes névrotiques. Il existe aussi une psycho-pathologie de la vie quotidienne, qui avait jusqu’ici peu attiré I’attention des psychologues, mais dont Freud a fait l’objet d’une étude approfondie : nos actes manqués, involontaires, dont nous ne nous donnons même la peine de chercher l’explication, nos lapsus de la parole, nos erreurs d’écriture et de lecture, nos oublis et distractions, tous ces mille accidents de notre vie quotidienne, tellement rapides, fugaces et insignifiants que la plupart d’entre eux échappent totalement à notre attention, Freud les rattache à des sentiments, à des désirs, à des vœux et souhaits réprimés, le plus souvent innocents, mais quelquefois aussi inavouables, à cause de leur incompatibilité