Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec la morale conventionnelle. Et ce qui est vrai des actes « manqués », des lapsus et erreurs accomplis à l’état de veille, l’est également des rêves nocturnes qui représentent, eux aussi, une satisfaction déformée, « symbolique », de désirs réprimés.

En remplissant ainsi l’« inconscient » d’un contenu concret, en dépistant les manifestations de ce contenu aussi bien dans la vie pathologique que dans la vie normale, dans la vie de tous les jours, Freud établit un second principe psychologique, dont il est inutile de souligner l’importance, celui de la continuité de la vie psychique, du déterminisme de tous les faits et phénomènes de la vie psychique, et cela avec une force et une abondance de preuves, avec une perspicacité et une clairvoyance qu’on ne retrouve chez nul autre psychologue. On peut, sans exagération, dire de Freud qu’il a le « génie » de la psychologie. Ses explications de tel rêve, de tel symptôme peuvent souvent paraître embrouillées, compliquées, on peut trouver que dans certains cas il veut trop prouver et que dans d’autres il frise l’absurdité. Peu importe : nous savons aujourd hui, grâce à lui, que l’inconscient n’est pas un simple mot, qu’il représente une réalité concrète, une réalité psychique aux éléments innombrables, qu’il n’existe, entre le conscient et l’inconscient, aucune solution de continuité, qu’en vertu d’un déterminisme rigoureux, de la continuité de la vie psychique et de son dynamisme fondamental, tout ce qui paraît inexplicable, accidentel, capricieux, miraculeux dans celui-là ne peut avoir ses origines, sa source, sa cause et ses conditions que dans celui-ci.

Nous abordons maintenant un troisième principe psychologique introduit par Freud, celui qui a soulevé contre la psychanalyse le plus de préventions et de résistances, mais dont notre auteur a fait, pour ainsi dire la clef de voûte de son système : le rôle de la sexualité dans la vie humaine en général, dans l’étiologie des névroses en particulier. L’examen psychanalytique, dit-il, permet de ramener, avec une régularité surprenante, les symptômes morbides à des impressions de la