Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/249

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aux autres, on puisse approfondir la nature de l’une sans se soucier des autres ayant une nature analogue ? Comme nous ne savons encore rien des phénomènes qui se rapprochent le plus du rêve, à savoir des symptômes névrotiques, nous devons nous contenter des points momentanément acquis. Je vais seulement élucider devant vous encore un exemple et vous soumettre une nouvelle considération.

Reprenons une fois de plus le rêve dont nous nous sommes déjà occupés à plusieurs reprises, du rêve ayant pour objet 3 places de théâtre pour 1 fl. 50. Je puis vous assurer que lorsque je l’ai choisi comme exemple pour la première fois, ce fut sans aucune intention. Vous connaissez les idées latentes de ce rêve : regret de s’être mariée trop tôt, regret éprouvé à la nouvelle des fiançailles de l’amie ; sentiment de mépris à l’égard du mari ; idée qu’elle aurait pu avoir un meilleur mari si elle avait voulu attendre. Vous connaissez également le désir qui a fait de toutes ces idées un rêve : c’est l’amour des spectacles, le désir de fréquenter les théâtres, ramification probablement de l’ancienne curiosité d’apprendre enfin ce qui se passe lorsqu’on est mariée. On sait que chez les enfants cette curiosité est en général dirigée vers la vie sexuelle des parents ; c’est donc une curiosité infantile et, dans la mesure où elle persiste plus tard, elle est une tendance dont les racines plongent dans la phase infantile de la vie. Mais la nouvelle apprise pendant la journée ne fournissait aucun prétexte à cet amour des spectacles : elle était seulement de nature à éveiller le regret et le remord. Ce désir ne faisait pas tout d’abord partie des idées latentes du rêve et nous pûmes, sans en tenir compte, ranger dans l’analyse le résultat de l’interprétation du rêve. Mais la contrariété en elle-même n’était pas non plus capable de produire le rêve. L’idée : « ce fut une absurdité de ma part de me marier si tôt » ne purent donner lieu à un rêve qu’après avoir réveillé l’ancien désir de voir enfin ce qui se passe lorsqu’on est mariée. Ce désir forma alors le contenu du rêve, en remplaçant le mariage par une visite au théâtre, et lui donna la forme d’une réalisation d’un rêve antérieur : oui, moi je puis aller au théâtre et voir tout ce qui est défendu, tandis que toi, tu ne le peux pas. Je suis