Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/250

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mariée, et toi, tu dois encore attendre. C’est ainsi que la situation actuelle a été transformée en son contraire et qu’un ancien triomphe a pris la place d’une déception récente. Mélange d’une satisfaction de l’amour des spectacles et d’une satisfaction égoïste procurée par le triomphe sur une concurrente. C’est cette satisfaction qui détermine le contenu manifeste du rêve, ce contenu étant qu’elle se trouve au théâtre, alors que son amie ne peut y avoir accès. Sur cette situation de satisfaction sont greffées, à titre de modifications, sans rapport avec elle et incompréhensibles, les parties du contenu du rêve derrière lesquelles se dissimulent encore les idées latentes. L’interprétation du rêve doit faire abstraction de tout ce qui sert à représenter la satisfaction du désir et reconstituer d’après les seules allusions dont nous venons de parler les pénibles idées latentes du rêve.

La considération que je me propose de vous soumettre est destinée à attirer votre attention sur les idées latentes qui se trouvent maintenant occuper le premier plan. Je vous prie de ne pas oublier : en premier lieu, que le rêveur n’a aucune conscience de ces idées ; en deuxième lieu, qu’elles sont parfaitement intelligibles et cohérentes, de sorte qu’elles peuvent être conçues comme des réactions tout à fait naturelles à l’événement qui a servi de prétexte au rêve ; et enfin, en troisième lieu, qu’elles peuvent avoir la même valeur que n’importe quelle tendance psychique ou opération intellectuelle. J’appellerai maintenant ces idées « restes diurnes », en donnant à ces mots un sens plus rigoureux que précédemment. Peu importe d’ailleurs que le rêveur convienne ou non de ces restes. Ceci fait, j’établis une distinction entre restes diurnes et idées latentes et, conformément à l’usage que nous avons fait précédemment de ce dernier terme, je désignerai par idées latentes tout ce que nous apprenons par l’interprétation des rêves, les restes diurnes n’étant qu’une partie des idées latentes. Nous disons alors que quelque chose appartenant également à la région de l’inconscient est venu s’ajouter aux restes diurnes, que ce quelque chose est un désir intense, mais réprimé, et que c’est ce désir seul qui a rendu possible la formation du rêve. L’action exercée par ce désir sur les restes diurnes fait surgir d’autres idées latentes qui, elles, ne