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Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/282

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plus heureuse sous ce rapport ? Non ; elle n’a pas plus de prise sur ces affections que n’importe quel autre moyen thérapeutique. Actuellement du moins. Nous pouvons, grâce à la psychanalyse, comprendre ce qui se passe chez le malade, mais nous n’avons aucun moyen de le faire comprendre au malade lui-même. Je vous ai déjà dit que, dans le cas dont je vous ai entretenus dans cette leçon, je n’ai pas pu pousser l’analyse au-delà des premières couches. Doit-on en conclure que l’analyse de cas de ce genre soit à abandonner, parce que stérile ? Je ne le pense pas. Nous avons le droit et même le devoir de poursuivre nos recherches, sans nous préoccuper de leur utilité immédiate. À la fin, nous ne savons ni où ni quand le peu de savoir que nous aurons acquis se trouvera transformé en pouvoir thérapeutique. Alors même qu’à l’égard des autres affections nerveuses et psychiques la psychanalyse se serait montrée aussi impuissante qu’à l’égard des idées fixes, elle n’en resterait pas moins parfaitement justifiée comme moyen irremplaçable de recherche scientifique. Il est vrai que nous ne serions pas alors en mesure de l’exercer ; les hommes sur lesquels nous voulons apprendre, les hommes qui vivent, qui sont doués de volonté propre et ont besoin de motifs personnels pour nous aider, nous refuseraient leur collaboration. Aussi ne veux-je pas terminer cette leçon sans vous dire qu’il existe de vastes groupes de troubles nerveux où une meilleure compréhension se laisse facilement transformer en pouvoir thérapeutique et que, sous certaines conditions, la psychanalyse nous permet d’obtenir dans ces affections difficilement accessibles des résultats qui ne le cèdent en rien à ceux qu’on obtient dans n’importe quelle autre branche de la thérapeutique interne.