Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/328

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examen comparé des causes occasionnelles de ces trois affections donne un résultat qui peut se résumer dans la formule suivante : les malades en question souffrent d’une privation, la réalité leur refusant la satisfaction de leurs désirs sexuels. Vous le voyez — l’accord est parfait entre ces deux résultats. La seule manière adéquate de comprendre les symptômes consiste à les considérer comme une satisfaction substitutive, destinée à remplacer celle qu’on se voit refuser dans la vie normale.

Certes, on peut encore opposer de nombreuses objections à la proposition que les symptômes névrotiques sont des symptômes substitutifs. Je vais m’occuper aujourd’hui de deux de ces objections. Si vous avez vous-mêmes soumis à l’examen psychanalytique un certain nombre de malades, vous me direz peut-être sur un ton de reproche — il y a toute une série de cas où votre proposition ne se vérifie pas ; dans ces cas, les symptômes semblent avoir une destination contraire, qui consiste à exclure ou à supprimer la satisfaction sexuelle. Je ne vais pas contester l’exactitude de votre interprétation. Dans la psychanalyse, les choses se révèlent souvent beaucoup plus compliquées que nous le voudrions. Si elles étaient simples, on n’aurait peut-être pas besoin de la psychanalyse pour les élucider. Certaines parties du cérémonial de notre deuxième malade laissent en effet apparaître ce caractère ascétique, hostile à la satisfaction sexuelle, par exemple lorsqu’elle écarte pendules et montres, acte magique par lequel elle pense s’épargner des érections nocturnes, ou lorsqu’elle veut empêcher la chute et le bris de vases, espérant par là préserver sa virginité. Dans d’autres cas de cérémonial précédant le coucher, que j’ai eu l’occasion d’analyser, ce caractère négatif était beaucoup plus prononcé ; dans certains d’entre eux, tout le cérémonial se composait de mesures de préservation contre les souvenirs et les tentations sexuels. La psychanalyse nous a cependant déjà montré plus d’une fois qu’opposition n’est pas toujours contradiction. Nous pourrions élargir notre proposition, en disant que les symptômes ont pour but soit de procurer une satisfaction sexuelle, soit de l’éluder ; le caractère positif, au sens de la satisfaction, étant prédominant dans l’hystérie, le caractère négatif, ascétique