Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/329

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dominant dans la névrose obsessionnelle. Si les symptômes peuvent servir aussi bien à la satisfaction sexuelle qu’à son contraire, cette double destination ou cette bipolarité des symptômes s’explique parfaitement bien par un des rouages de leur mécanisme dont nous n’avons pas encore eu l’occasion de parler. Ils sont notamment, ainsi que nous le verrons, des effets de compromis, résultant de l’interférence de deux tendances opposées, et ils expriment aussi bien ce qui a été refoulé que ce qui a été la cause du refoulement et a ainsi contribué à leur production. La substitution peut se faire plus au profit de l’une de ces tendances que de l’autre ; elle se fait rarement au profit exclusif d’une seule. Dans l’hystérie, les deux intentions s’expriment le plus souvent par un seul et même symptôme ; dans la névrose obsessionnelle il y a séparation entre les deux intentions : le symptôme, qui est à deux temps, se compose de deux actions s’accomplissant l’une après l’autre et s’annulant réciproquement. Il nous sera moins facile de dissiper un autre doute. En passant en revue un certain nombre d’interprétations de symptômes, vous serez probablement tentés de dire que c’est abuser quelque peu que de vouloir les expliquer tous par la satisfaction substitutive des désirs sexuels. Vous ne tarderez pas à faire ressortir que ces symptômes n’offrent à la satisfaction aucun élément réel, qu’ils se bornent le plus souvent à ranimer une sensation ou à représenter une image fantaisiste appartenant à un complexe sexuel. Vous trouverez, en outre, que la prétendue satisfaction sexuelle présente souvent un caractère puéril et indigne, se rapproche d’un acte masturbatoire ou rappelle ces pratiques malpropres qu’on défend déjà aux enfants et dont on cherche à les déshabituer. Et, par dessus tout, vous manifesterez votre étonnement de voir qu’on considère comme une satisfaction sexuelle ce qui ne devrait être décrit que comme une satisfaction de désirs cruels ou affreux, voire de désirs contre nature. Sur ces derniers points, il nous sera impossible de nous mettre d’accord tant que nous n’aurons pas soumis à un examen approfondi la vie sexuelle de l’homme et tant que nous n’aurons pas défini ce qu’il est permis, sans risque d’erreur, de considérer comme sexuel.