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Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/351

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organes génitaux par d’autres, ou qu’elles comportent une variation de l’objet, mais plutôt dans le caractère exclusif et invariable de ces déviations, caractère qui les rend incompatibles avec l’acte sexuel en tant que condition de la procréation. Dans la mesure où les actions perverses n’interviennent dans l’accomplissement de l’acte sexuel normal qu’à titre de préparation ou de renforcement, il serait injuste de les qualifier de perversions. Il va sans dire que le fossé qui sépare la sexualité normale de la sexualité perverse se trouve en partie comblé par des faits de ce genre. De ces faits, il résulte avec une évidence incontestable que la sexualité normale est le produit de quelque chose qui avait existé avant elle, et qu’elle n’a pu se former qu’après avoir éliminé comme inutilisables certains de ces matériaux préexistants et conservé les autres pour les subordonner au but de la procréation.

Avant d’utiliser les connaissances que nous venons d’acquérir concernant les perversions, pour entreprendre, à leur lumière, une nouvelle étude, plus approfondie, de la sexualité infantile, je tiens à attirer votre attention sur une importante différence qui existe entre celles-là et celle-ci. La sexualité perverse est généralement centralisée d’une façon parfaite, toutes les manifestations de son activité tendent vers le même but, qui est souvent unique ; une de ses tendances partielles ayant généralement pris le dessus se manifeste soit seule, à l’exclusion des autres, soit après avoir subordonné les autres à ses propres intentions. Sous ce rapport, il n’existe, entre la sexualité normale et la sexualité perverse, pas d’autre différence que celle qui correspond à la différence existant cintre leurs tendances partielles dominantes et, par conséquent, entre leurs buts sexuels. On peut dire qu’il existe aussi bien dans l’une que dans l’autre une tyrannie bien organisée, la seule différence portant sur le parti qui a réussi à s’emparer du pouvoir. Au contraire, la sexualité infantile, envisagée dans son ensemble, ne présente ni centralisation, ni organisation, toutes les tendances partielles jouissant des mêmes droits, chacune cherchant la jouissance pour son propre compte. L’absence et l’existence de la centralisation s’accordent naturellement avec le fait que les deux sexualités, la perverse et la normale, sont dérivées de l’infantile. Il existe d’ailleurs