Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/394

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héréditaires. Mais nous ferons bien de différer la réponse à cette question jusqu’au moment où nous disposerons d’une plus grande série de formes d’affections névrotiques.

Arrêtons-nous maintenant à ce résultat de la recherche analytique qui nous montre la libido des névrosés liée aux événements de leur vie sexuelle infantile. De ce fait, ces événements semblent acquérir une importance vitale pour l’homme et jouer un très grand rôle dans l’éclosion de maladies nerveuses. Cette importance et ce rôle sont incontestablement très grands, tant qu’on ne tient compte que du travail thérapeutique. Mais si l’on fait abstraction de ce travail, on s’aperçoit facilement qu’on risque d’être victime d’un malentendu et de se faire de la vie une conception unilatérale, fondée trop exclusivement sur la situation névrotique. L’importance des événements infantiles se trouve diminuée par le fait que la libido, dans son mouvement régressif, ne vient s’y fixer qu’après avoir été chassée de ses positions plus avancées. La conclusion qui semble s’imposer dans ces conditions est que les événements infantiles dont il s’agit n’ont eu, à l’époque ou ils se sont produits, aucune importance et qu’ils ne sont devenus importants que régressivement. Rappelez-vous que nous avons déjà adopté une attitude analogue lors de la discussion du complexe d’Oedipe.

Il ne nous sera pas difficile de prendre parti dans le cas particulier dont nous nous occupons. La remarque d’après laquelle la transformation libidineuse et, par conséquent, le rôle pathogène des événements de la vie infantile sont dans une grande mesure renforcés par la régression de la libido, est certainement justifiée, mais serait susceptible de nous induire en erreur si nous l’acceptions sans réserves. D’autres considérations doivent encore entrer en ligne de compte. En premier lieu, l’observation montre d’une manière indiscutable que les événements de la vie infantile possèdent leur importance propre, laquelle apparaît d’ailleurs dès l’enfance. Il y a des névroses infantiles dans lesquelles la régression dans le temps ne joue qu’un rôle insignifiant ou ne se produit pas du tout, l’affection éclatant immédiatement à la suite d’un événement traumatique.