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Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/406

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sur des fantaisies considérées jusqu’alors comme inoffensives. Un introverti, sans être encore un névrosé, se trouve dans une situation instable ; au premier déplacement des forces, il présentera des symptômes névrotiques s’il ne trouve pas d’autre issue pour sa libido refoulée. En revanche, le caractère irréel de la satisfaction névrotique et l’effacement de la différence entre la fantaisie et l’irréalité existent dès la phase de l’introversion.

Vous avez sans doute remarqué que, dans mes dernières explications, j’ai introduit dans l’enchaînement étiologique un nouveau facteur : la quantité, la grandeur des énergies considérées. C’est là un facteur dont nous devons partout tenir compte. L’analyse purement qualitative des conditions étiologiques n’est pas exhaustive. Ou, pour nous exprimer autrement, une conception purement dynamique des processus psychiques qui nous intéressent est insuffisante ; nous avons encore besoin de les envisager au point de vue économique. Nous devons nous dire que le conflit entre deux tendances n’éclate qu’à partir du moment où certaines intensités se trouvent atteintes, alors même que les conditions découlant des contenus de ces tendances existent depuis longtemps. De même, l’importance pathogénique des facteurs constitutionnels dépend de la prédominance quantitative de l’une ou de l’autre des tendances partielles en rapport avec la disposition constitutionnelle. On peut même dire que toutes les prédispositions humaines sont qualitativement identiques et ne diffèrent entre elles que par leurs proportions quantitatives. Non moins décisif est le facteur quantitatif au point de vue de la résistance à de nouvelles affections névrotiques. Tout dépend de la quantité de la libido inemployée qu’une personne est capable de contenir à l’état de suspension, et de la fraction plus ou moins grande de cette libido qu’elle est capable de détourner de la voie sexuelle pour l’orienter vers la sublimation. Le but final de l’activité psychique qui, au point de vue qualitatif, peut être décrit comme une tendance à acquérir du plaisir et à éviter la peine, apparaît, si on l’envisage au point de vue économique, comme un effort pour maîtriser les masses (grandeurs) d’excitations ayant leur siège dans l’appareil psychique