Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/405

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Et voici ce qui sera de nature à vous faire comprendre le rôle de la fantaisie dans la formation de symptômes. Je vous avais dit que dans les cas de privation la libido, accomplissant une marche régressive, vient réoccuper les positions qu’elle avait dépassées, non sans toutefois y avoir laissé une certaine partie d’elle-même. Sans vouloir retrancher quoi que ce soit à cette affirmation, sans vouloir y apporter une correction quelconque, je tiens cependant à introduire un anneau intermédiaire. Comment la libido trouve-t-elle le chemin qui doit la conduire à ces points de fixation ? Eh bien, les objets et directions abandonnés par la libido ne le sont pas d’une façon complète et absolue. Ces objets et directions ou leurs dérivés, persistent encore avec une certaine intensité dans les représentations de la fantaisie. Aussi suffit-il à la libido de se reporter à ces représentations pour retrouver le chemin qui doit la conduire à toutes ces fixations refoulées. Ces représentations imaginaires avaient joui d’une certaine tolérance, il ne s’est pas produit de conflit entre elle et le moi, quelque forte que pût être leur opposition avec celui-ci, mais cela tant qu’une certaine condition était observée, condition de nature quantitative et qui ne se trouve troublée que du fait du reflux de la libido vers les objets imaginaires. Par suite de ce reflux, la quantité d’énergie inhérente à ces objets se trouve augmentée au point qu’ils deviennent exigeants et manifestent une poussée vers la réalisation. Il en résulte un conflit entre eux et le moi. Qu’ils fussent autrefois conscients ou préconscients, ils subissent à présent un refoulement de la part du moi et sont livrés à l’attraction de l’inconscient. Des fantaisies maintenant inconscientes, la libido remonte jusqu’à leurs origines dans l’inconscient,jusqu’à ses propres points de fixation.

La régression de la libido vers les objets imaginaires, ou fantaisies, constitue une étape intermédiaire sur le chemin qui conduit à la formation de symptômes. Cette étape mérite, d’ailleurs, une désignation spéciale. C.-G. Jung avait proposé à cet effet l’excellente dénomination d’introversion, à laquelle il a d’ailleurs fort mal à propos fait désigner aussi autre chose. Quant à nous, nous désignons par introversion l’éloignement de la libido des possibilités de satisfaction réelle et son déplacement