Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/413

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Mais il est une attitude du moi à l’égard de sa névrose qui est tellement frappante qu’elle aurait pu être prise en considération dès le commencement. Elle ne semble manquer dans aucun cas, mais elle ressort avec une évidence particulière dans une affection que nous ne connaissons pas encore : dans la névrose traumatique. Il faut que vous sachiez que, dans la détermination et le mécanisme de toutes les formes de névroses possibles, on retrouve à l’œuvre toujours les mêmes facteurs, à cette différence près que le rôle principal, au point de vue de la formation de symptômes, revient, selon les affections, tantôt à l’un, tantôt à l’autre d’entre eux. On dirait le personnel d’une troupe de théâtre : chaque acteur, bien qu’ayant son emploi spécial — héros, confident, intrigant, etc. — n’en choisit pas moins pour sa représentation de bénéfice un autre rôle que celui qu’il a l’habitude de jouer. Nulle part les fantaisies, qui se transforment eu symptômes, n’apparaissent avec plus de netteté que dans l’hystérie ; en revanche, les résistances ou formations réactionnelles dominent le tableau de la névrose obsessionnelle ; et, d’autre part encore, ce que nous avons appelé élaboration secondaire, en parlant du rêve, occupe dans la paranoïa la première place, à titre de fausse perception, etc.

C’est ainsi que dans les névroses traumatiques, surtout dans celles provoquées par les horreurs de la guerre, nous découvrons un mobile personnel, égoïste, utilitaire, défensif, mobile qui, s’il est incapable de créer à lui seul la maladie, contribue à l’explosion de celle-ci et la maintient lorsqu’elle s’est formée. Ce motif cherche à protéger le moi contre les dangers dont la menace a été la cause occasionnelle de la maladie, et il rendra la guérison impossible tant que le malade ne sera pas garanti contre le retour des mêmes dangers ou tant qu’il n’aura pas reçu de compensation pour y avoir été exposé.

Mais, dans tous les autres cas analogues, le moi prend le même intérêt à la naissance et à la persistance des névroses. Nous avons déjà dit que le moi contribue, pour une certaine part, au symptôme parce que celui-ci a un côté par lequel il offre une satisfaction à la tendance du moi cherchant à opérer un refoulement. En outre, la solution du conflit par la formation d’un symptôme est la solution