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Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/418

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par exemple de l’onanisme manuel, était atteint d’une forme déterminée de névrose actuelle, laquelle cédait promptement sa place à une autre forme, lorsque le sujet adoptait un autre régime sexuel, mais tout aussi peu recommandable. Il me fut ainsi possible de deviner un changement dans le mode de satisfaction sexuelle d’après le changement de l’état du malade. J’avais pris l’habitude de ne pas renoncer à mes suppositions et à mes soupçons tant que je n’avais pas réussi à vaincre l’insincérité du malade et à lui arracher des aveux. Il est vrai que les malades préféraient alors s’adresser à d’autres médecins qui mettaient moins d’insistance à se renseigner sur leur vie sexuelle.

Il ne m’a pas non plus échappé alors que l’étiologie de l’état morbide ne pouvait pas toujours être ramenée à la vie sexuelle. Si tel malade a été directement affecté d’un trouble sexuel, chez tel autre ce trouble n’est survenu qu’à la suite de pertes pécuniaires importantes ou d’une grave maladie organique. L’explication de cette variété ne nous est apparue que plus tard, lorsque nous avons commencé à entrevoir les rapports réciproques, jusqu’alors seulement soupçonnés, du moi et de la libido, et notre explication devenait de plus en plus satisfaisante à mesure que les preuves de ces rapports devenaient plus nombreuses. Une personne ne devient névrosée que lorsque son moi a perdu l’aptitude à réprimer sa libido d’une façon ou d’une autre. Plus le moi est fort, et plus il lui est facile de s’acquitter de cette tâche ; tout affaiblissement du moi, quelle qu’en soit la cause, est suivi du même effet que l’exagération des exigences de la libido et fraie par conséquent la vole à l’affection névrotique. Il existe encore d’autres rapports plus intimes entre le moi et la libido ; mais comme ces rapports ne nous intéressent pas ici, nous nous en occuperons plus tard. Ce qui reste pour nous essentiel et instructif, c’est que dans tous les cas, et quel que soit le mode de production de la maladie, les symptômes de la névrose sont fournis par la libido, ce qui suppose une énorme dépense de celle-ci.

Et maintenant, je dois attirer votre attention sur la différence fondamentale qui existe entre les névroses actuelles et les psychonévroses dont le premier groupe,