Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/419

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les névroses de transfert, nous a tant occupés jusqu’à présent. Dans les deux cas, les symptômes découlent de la libido ; ils impliquent dans les deux cas une dépense anormale de celle-ci, sont dans les deux cas des satisfactions substitutives. Mais les symptômes des névroses actuelles, lourdeur de tête, sensation de douleur, irritation d’un organe, affaiblissement ou arrêt d’une fonction, n’ont aucun « sens », aucune signification psychique. Ces symptômes sont corporels, non seulement dans leurs manifestations (tel est également le cas des symptômes hystériques, par exemple), mais aussi quant aux processus qui les produisent et qui se déroulent sans la moindre participation de l’un quelconque de ces mécanismes psychiques compliqués que nous connaissons. Comment peuvent-ils, dans ces conditions, correspondre à des utilisations de la libido qui, nous l’avons vu, est une force psychique ? La réponse à cette question est on ne peut plus simple. Permettez-moi d’évoquer une des premières objections qui a été adressée à la psychanalyse. On disait alors que la psychanalyse perd son temps à vouloir établir une théorie purement psychologique des phénomènes névrotiques, ce qui est un travail stérile, les théories psychologiques étant incapables de rendre compte d’une maladie. Mais en produisant cet argument, on oubliait volontiers que la fonction sexuelle n’est ni purement psychique ni purement somatique. Elle exerce son influence à la fois sur la vie psychique et sur la vie corporelle. Si nous avons reconnu dans les symptômes des psychonévroses les manifestations psychiques des troubles sexuels, nous ne serons pas étonnés de trouver dans les névroses actuelles leurs effets somatiques directs.

La clinique médicale nous fournit une indication précieuse, à laquelle adhèrent d’ailleurs beaucoup d’auteurs, quant à la manière de concevoir les névroses actuelles. Celles-ci manifestent notamment dans les détails de leur symptomatologie ainsi que par leur pouvoir d’agir sur tous les systèmes d’organes et sur toutes les fonctions, une analogie incontestable avec des états morbides occasionnés par l’action chronique de substances toxiques extérieures ou par la suppression brusque de cette action, c’est-à-dire avec les intoxications et les abstinences. La parenté entre ces deux groupes d’affections