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Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/424

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Chapitre XXV
L’ANGOISSE


Ce que je vous ai dit dans le chapitre précédent au sujet de la nervosité commune est de nature à vous apparaître comme un exposé aussi incomplet et insuffisant que possible. Je le sais et je pense que ce qui a dû vous étonner le plus, c’était de ne pas y trouver un mot sur l’angoisse, qui est pourtant un symptôme dont se plaignent la plupart des nerveux, lesquels en parlent comme de leur souffrance la plus terrible ; de l’angoisse qui peut en effet revêtir chez eux une intensité extraordinaire et les pousser aux actes les plus insensés. Loin cependant de vouloir éluder cette question, j’ai, au contraire, l’intention de poser nettement le problème de l’angoisse et de le traiter devant vous en détail.

Je n’ai sans doute pas besoin de vous présenter l’angoisse ; chacun de vous a éprouvé lui-même, ne fût-ce qu’une seule fois dans sa vie, cette sensation ou, plus exactement, cet état affectif. Il me semble cependant qu’on ne s’est jamais demandé assez sérieusement pourquoi ce sont précisément les nerveux qui souffrent de l’angoisse plus souvent et plus intensément que les autres. On trouvait peut-être la chose toute naturelle : n’emploie t-on pas indifféremment, et l’un pour l’autre, les mots « nerveux » et « anxieux », comme s’ils signifiaient la même chose ? On a tort de procéder ainsi, car il est des hommes anxieux qui ne sont pas autrement nerveux, et il y a des nerveux qui présentent beaucoup de symptômes, sauf la tendance à l’angoisse.

Quoi qu’il en soit, il est certain que le problème de l’angoisse forme un point vers lequel convergent les questions les plus diverses et les plus importantes, une énigme dont la solution devrait projeter des flots de lumière sur toute notre vie psychique. Je ne dis pas que