Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/427

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même chose ou des choses différentes. Il me semble que l’angoisse se rapporte à l’état et fait abstraction de l’objet, tandis que dans la peur l’attention se trouve précisément concentrée sur l’objet. Le mot terreur me semble, en revanche, avoir une signification toute spéciale, en désignant notamment l’action d’un danger auquel on n’était pas préparé par un état d’angoisse préalable. On petit dire que l’homme se défend contre la terreur par l’angoisse.

Quoi qu’il en soit, il ne vous échappe pas que le mot angoisse est employé dans des sens multiples, ce qui lui donne un caractère vague et indéterminé. Le plus souvent, on entend par angoisse l’état subjectif provoqué par la perception du « développement de l’angoisse », et on appelle cet état subjectif « état affectif ». Or, qu’est-ce qu’un état affectif au point de vue dynamique ? Quelque chose de très compliqué. Un état affectif comprend d’abord certaines innervations ou décharges, et ensuite certaines sensations. Celles-ci sont de deux sortes : perceptions des actions motrices accomplies et sensations directes de plaisir et de déplaisir qui impriment à l’état affectif ce qu’on appelle le ton fondamental. Je ne crois cependant pas qu’avec cette énumération on ait épuisé tout ce qui peut être dit sur la nature de l’état affectif. Dans certains états affectifs, on croit pouvoir remonter au-delà de ces éléments et reconnaître que le noyau autour duquel se cristallise tout l’ensemble est constitué par la répétition d’un certain événement important et significatif, vécu par le sujet. Cet événement peut n’être qu’une impression très reculée, d’un caractère très général, impression faisant partie de la préhistoire non de l’individu, mais de l’espèce. Pour me faire mieux comprendre, je vous dirai que l’état affectif présente la même structure que la crise d’hystérie, qu’il est, comme celle-ci, constitué par une réminiscence déposée. La crise d’hystérie peut donc être comparée à un état affectif individuel nouvellement formé, et l’état affectif normal peut être considéré comme l’expression d’une hystérie générique, devenue héréditaire.

Ne croyez pas que ce que je vous dis là au sujet des états affectifs forme un patrimoine reconnu de la psychologie normale. Il s’agit, au contraire, de conceptions nées