Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/435

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

du rôle que jouent, dans la production de maladies caractérisées par l’angoisse, certaines phases de la vie qui, telles que la puberté et la ménopause, favorisent incontestablement l’exaltation de la libido. Dans certains cas d’excitation, on peut encore observer directement une combinaison d’angoisse et de libido et la substitution finale de celle-là à celle-ci. De ces faits se dégage une conclusion double : on a notamment l’impression qu’il s’agit d’une accumulation de libido dont le cours normal est entravé et que les processus auxquels on assiste sont tous et uniquement de nature somatique. On ne voit pas tout d’abord comment l’angoisse naît de la libido ; on constate seulement que la libido est absente et que sa place est prise par l’angoisse.

b) Une autre indication nous est fournie par l’analyse des psychonévroses, et plus spécialement de l’hystérie. Nous savons déjà que dans cette affection l’angoisse apparaît souvent à titre d’accompagnement des symptômes, mais on y observe aussi une angoisse indépendante des symptômes et se manifestant soit par crises, soit comme état permanent. Les malades ne savent pas dire pourquoi ils éprouvent de l’angoisse, et ils rattachent leur état, à la suite d’une élaboration secondaire facile à reconnaître, aux phobies les plus courantes : phobie de la mort, de la folle, d’une attaque d’apoplexie. Lorsqu’on analyse la situation qui a engendré soit l’angoisse, soit les symptômes accompagnés d’angoisse, il est généralement possible de découvrir le courant psychique normal qui n’a pas abouti et a été remplacé par le phénomène d’angoisse. Ou, pour nous exprimer autrement, nous reprenons le processus inconscient comme s’il n’avait pas subi de refoulement et comme s’il avait poursuivi son développement sans obstacles, jusqu’à parvenir à la conscience. Ce processus aurait été accompagné d’un certain état affectif, et nous sommes tout surpris de constater que cet état affectif qui accompagne l’évolution normale du processus se trouve dans tous les cas refoulé et remplacé par de l’angoisse, quelle que soit sa qualité propre. Aussi bien, lorsque nous nous trouvons en présence d’un état d’angoisse hystérique, nous sommes en droit de supposer que son complément inconscient est constitué soit par un sentiment de même nature — angoisse,