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Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/436

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honte, confusion —, soit par une excitation positivement libidineuse, soit enfin par un sentiment hostile et agressif, tel que la fureur ou la colère. L’angoisse constitue donc la monnaie courante contre laquelle sont échangées ou peuvent être échangées toutes les excitations affectives, lorsque leur contenu a été éliminé de la représentation et a subi un refoulement.

c) Une troisième expérience nous est offerte par les malades aux actes obsédants, malades qui semblent d’une façon assez remarquable épargnés par l’angoisse. Lorsque nous essayons d’empêcher ces malades d’exécuter leurs actes obsédants, ablutions, cérémonial, etc., ou lorsqu’ils osent eux-mêmes renoncer à l’une quelconque de leurs obsessions, ils éprouvent une angoisse terrible qui les oblige à céder à l’obsession Nous comprenons alors que l’angoisse n’était que dissimulée derrière l’acte obsédant et que celui-ci n’était accompli que comme un moyen de se soustraire à l’angoisse. C’est ainsi que dans la névrose obsessionnelle l’angoisse n’apparaît pas au dehors, parce qu’elle est remplacée par les symptômes ; et si nous nous tournons vers l’hystérie, nous y retrouvons la même situation comme résultat du refoulement : soit une angoisse pure, soit une angoisse accompagnant les symptômes, soit enfin un ensemble de symptômes plus complet, sans angoisse. Il semble donc permis de dire d’une manière abstraite que les symptômes ne se forment que pour empêcher le développement de l’angoisse qui, sans cela, surviendrait inévitablement. Cette conception place l’angoisse au centre même de l’intérêt que nous portons aux problèmes se rattachant aux névroses.

Nos observations relatives à la névrose d’angoisse nous ont fourni cette conclusion que la déviation de la libido de son application normale, déviation qui engendre l’angoisse, constitue l’aboutissement de processus purement somatiques. L’analyse de l’hystérie et des névroses obsessionnelles nous a permis de compléter cette conclusion, car elle nous a montré que déviation et angoisse peuvent également résulter du refus d’intervention de facteurs psychiques. C’est tout ce que nous savons sur le mode de production de l’angoisse névrotique ; si cela semble encore assez vague, je ne vois pas pour le moment de chemin susceptible de nous conduire plus loin.