Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/438

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nouveau à l’observation directe et à la recherche analytique une confirmation de nos déductions spéculatives. Nous allons donc nous occuper de la production de l’angoisse chez l’enfant et de la provenance de l’angoisse névrotique, associée aux phobies.

L’état d’angoisse chez l’enfant est chose très fréquente, et il est souvent très difficile de dire s’il s’agit d’angoisse névrotique ou réelle. La valeur de la distinction que nous pourrions établir le cas échéant se trouverait infirmée par l’attitude même de l’enfant. D’un côté, en effet, nous ne trouvons nullement étonnant que l’enfant éprouve de l’angoisse en présence de nouvelles personnes, de nouvelles situations et de nouveaux objets, et nous expliquons sans peine cette réaction par sa faiblesse et son ignorance. Nous attribuons donc à l’enfant un fort penchant pour l’angoisse réelle et trouverions tout à fait naturel que l’on vienne nous dire que l’enfant a apporté cet état d’angoisse en venant au monde, à titre de prédisposition héréditaire. L’enfant ne ferait ainsi que reproduire l’attitude de l’homme primitif et du sauvage de nos jours qui, en raison de leur ignorance et du manque de moyens de défense, éprouvent de l’angoisse devant tout ce qui est nouveau, devant des choses qui nous sont aujourd’hui familières et ne nous inspirent plus la moindre angoisse. Et il serait tout à fait conforme à notre attente, que les phobies de l’enfant soient également, en partie du moins, les mêmes que celles que nous attribuons à ces phases primitives du développement humain.

Il ne doit pas nous échapper, d’autre part, que tous les enfants ne sont pas sujets à l’angoisse dans la même mesure, et que ceux d’entre eux qui manifestent une angoisse particulière en présence de toutes sortes d’objets et de situations sont précisément de futurs névrosés. La disposition névrotique se traduit donc aussi par un penchant accentué à l’angoisse réelle, l’état d’angoisse apparaît comme l’état primaire, et l’on arrive à la conclusion que l’enfant, et plus tard l’adulte, éprouvent de l’angoisse devant la hauteur de leur libido, et cela précisément parce qu’ils éprouvent de l’angoisse à propos de tout. Cette manière de voir équivaut à nier que l’angoisse naisse de la libido et, en examinant