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Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/437

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D’une solution encore plus difficile semble l’autre problème que nous nous étions proposé de résoudre, celui d’établir les liens existant entre l’angoisse névrotique, qui résulte d’une application anormale de la libido, et l’angoisse réelle qui correspond à une réaction à un danger. On pourrait croire qu’il s’agit là de choses tout à fait disparates, et pourtant nous n’avons aucun moyen permettant de distinguer dans notre sensation l’une de ces angoisses de l’autre.

Mais le lien cherché apparaît aussitôt si nous prenons en considération l’opposition que nous avons tant de fois affirmée entre le moi et la, libido. Ainsi que nous le savons, l’angoisse survient par réaction du moi à un danger et constitue le signal qui annonce et précède la fuite ; et rien ne nous empêche d’admettre par analogie que dans l’angoisse névrotique le moi cherche également à échapper par la fuite aux exigences de la libido, qu’il se comporte à l’égard de ce danger intérieur tout comme s’il s’agissait d’un danger extérieur. Cette manière de voir autoriserait la conclusion que, toutes les fois qu’il y a de l’angoisse, il y a aussi quelque chose qui est cause de l’angoisse. Mais l’analogie peut être poussée encore plus loin. De même que la tentative de fuir devant un danger extérieur aboutit à l’arrêt et à la prise de mesures de défense nécessaires, de même le développement de l’angoisse est interrompu par la formation des symptômes auxquels elle finit par céder la place.

La difficulté de comprendre ces rapports réciproques entre l’angoisse et les symptômes se trouve maintenant ailleurs. L’angoisse qui signifie une fuite du moi devant la libido est cependant engendrée par celle-ci. Ce fait, qui ne saute pas aux yeux, est cependant réel ; aussi lie devons-nous pas oublier que la libido d’une personne fait partie de celle-ci et ne peut pas s’opposer à elle comme quelque chose d’extérieur. Ce qui reste encore obscur pour nous, c’est la dynamique topique du développement de l’angoisse, c’est la question de savoir quelles sont les énergies psychiques qui sont dépensées dans ces occasions et de quels systèmes psychiques ces énergies proviennent. Je ne puis vous promettre de réponses à ces questions, mais nous ne négligerons pas de suivre deux autres traces et, ce faisant, de demander de