Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/447

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autres fonctions, lui crée, au prix d’un plaisir excessivement intense, des dangers qui menacent sa vie et la suppriment même assez souvent. Il est en outre probable que c’est à la faveur de processus métaboliques particuliers, distincts de tous les autres, qu’une partie de la vie individuelle peut être transmise à la postérité à titre de disposition. Enfin, l’être individuel, qui se considère lui-même comme l’essentiel et ne voit dans sa sexualité qu’un moyen de satisfaction parmi tant d’autres, ne forme, au point de vue biologique, qu’un épisode dans une série de générations, qu’une excroissance caduque d’un protoplasme virtuellement immortel, qu’une sorte de possesseur temporaire d’un fidéicommis destiné à lui survivre.

L’explication psychanalytique des névroses n’a cependant que faire de considérations d’une aussi vaste portée. L’examen séparé des tendances sexuelles et des tendances du moi nous a fourni le moyen de comprendre les névroses de transfert, que nous avons pu ramener au conflit entre les tendances sexuelles, et les tendances découlant de l’instinct de conservation ou, pour nous exprimer en termes biologiques, bien que plus imprécis, au conflit entre le moi, en tant qu’être individuel et indépendant, et le moi considéré comme membre d’une série de générations. Il y a tout lieu de croire que ce dédoublement n’existe que chez l’homme ; aussi est-il de tous les animaux celui qui possède le privilège d’offrir un terrain favorable aux névroses. Le développement excessif de sa libido, la richesse et la variété de sa vie psychique qui en sont la conséquence, semblent avoir créé les conditions du conflit dont nous parlons. Et il est évident que ces conditions sont également celles des grands progrès réalisés par l’homme, progrès qui lui ont permis de laisser loin derrière lui ce qu’il avait de commun avec les autres animaux, de sorte que sa prédisposition à la névrose ne constitue que le revers de ses dons purement humains. Mais laissons là ces spéculations qui ne peuvent que nous éloigner de notre tâche immédiate.

Nous avons conduit jusqu’à présent notre travail en postulant la possibilité de distinguer les tendances du moi des tendances sexuelles d’après les manifestations des unes et des autres. Pour ce qui est des névroses de transfert,