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Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/476

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qu’il est préoccupé par quelque chose qu’il tient à ne pas révéler, C’est là une situation dangereuse pour le traitement. On se trouve sans conteste en présence d’une violente résistance. Que s’est-il donc passé ?

Lorsqu’on trouve le moyen d’éclaircir à nouveau la situation, ou constate que la cause du trouble réside dans la profonde et intense tendresse même que le patient éprouve à l’égard du médecin et que ne justifient ni l’attitude de celui-ci ni les rapports qui se sont établis entre les deux au cours du traitement. La forme sous laquelle se manifeste cette tendresse et les buts qu’elle poursuit dépendent naturellement des rapports personnels existant entre les deux. Si la patiente est une jeune fille et le médecin un homme encore jeune également, celle-là éprouvera pour celui-ci un sentiment amoureux normal, et nous trouverons naturel qu’une jeune fille devienne amoureuse d’un homme avec lequel elle reste longtemps en tête à tête, auquel elle peut raconter beaucoup de choses intimes et qui lui en impose par la supériorité que lui confère son attitude de sauveur ; et nous oublierons à cette occasion que de la part d’une jeune fille névrosée on devrait plutôt s’attendre à un trouble de la faculté libidineuse. Plus les relations personnelles existant entre le patient et le médecin s’écartent de ce cas hypothétique, et plus nous serons étonnés de retrouver chaque fois la même attitude affective. Passe encore lorsqu’il s’agit d’une jeune femme qui, malheureuse dans son ménage, éprouve une passion sérieuse pour son médecin, lui-même célibataire, et se déclare prête à obtenir son divorce pour l’épouser ou qui, lorsque des obstacles d’ordre social s’y opposent, n’hésiterait pas à devenir sa maîtresse. Ces choses-là arrivent aussi sans l’intervention de la psychanalyse. Mais dans les cas dont nous nous occupons, on entend de la bouche de femmes et de jeunes filles des propos qui révèlent une attitude déterminée à l’égard du problème thérapeutique : elles prétendent avoir toujours su qu’elles ne pourraient guérir que par l’amour et avoir eu la certitude, dès le début du traitement, que le commerce avec le médecin qui les traitait leur procurerait enfin ce que la vie leur avait toujours refusé. C’est seulement soutenues par cet espoir qu’elles auraient dépensé tant d’efforts au cours du traitement