Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/205

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on pouvait croire de très-bonne foi avoir opéré la réforme la plus salutaire, et avoir prévenu, par la sévérité des lois, le retour des anciens abus. D’ailleurs on ne pouvait pas craindre d’étouffer la vie scientifique, comme cela fut arrivé si. Hadrien où Marc-Aurèle eussent eu la même pensée. La décadence de la science était trop visible, et il ne lui restait plus rien à perdre, Les peines prononcées par l’empereur, la destruction des livres et la défense d’en composer, sont des mesures étrangères à nos mœurs, et qui n’auraient pas la moindre chance de succès en présence de l’imprimerie et des communications établies entre les différents peuples de l’Europe. Mais si l’on rapporte au siècle où vivait Justinien la violence de ces mesures, on n’y trouve plus qu’une illusion profondément enracinée dans le cœur de l’homme en matière de science, et surtout de religion, celle d’imposer comme vérité exclusive les doctrines formulées par notre intelligence, et de sacrifier à la crainte de l’erreur la liberté d’examen. Justinien croyait fonder par sa législation un ordre de choses immuable, une formule de concorde[Trad 1] que rien ne devait plus troubler. Est-ce à nous de le juger bien sévèrement ? Nous avons treize siècles d’expérience, et cependant ceux qui accueillirent les nouveaux codes avec

Notes du traducteur
  1. Ici l’auteur fait allusion à la formula concordiæ, de 1577, établie comme loi pour l’Église luthérienne. (Note du trad.)