Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/204

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sous les yeux de ses élèves, éveiller leur intelligence, et vivifier la science, car cela eût été en opposition directe avec la proscription de la littérature. L’enseignement devait se réduire à une opération mécanique, et le mérite du professeur se bornait à lever les difficultés subjectives qu’offrait à ses élèves un sujet si vaste et si nouveau pour eux. L’ensemble de ces règlements repose sur l’idée que la législation impériale répondait à tous les besoins, et que dès lors toute production nouvelle n’eût servi qu’à gâter l’œuvre du législateur.

Peut-être jugera-t-on ces prescriptions trop étranges pour les prendre au pied de la lettre, et cherchera-t-on à leur donner un sens figuré ou du moins adouci ; mais ce serait une erreur à mes yeux. Sans doute Justinien, à son avènement au trône, comme Frédéric II, en 1740, entendit résonner à ses oreilles des cris sur la confusion inextricable du droit, et sur l’urgence d’une réforme radicale. Un heureux hasard plaça auprès de lui des jurisconsultes tels qu’on n’en voyait pas depuis plus d’un siècle, et lui-même joignait à la connaissance du droit un esprit actif et avide de gloire. On voulut porter remède au mal le plus apparent, diminuer cette masse de littérature scientifique inaccessible à l’étude, et finir les controverses. Une semblable tentative n’avait jamais été faite, et, à la cour de Justinien,