Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/22

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sive. Ce fait, considéré en lui-même, n’est ni à louer ni à blâmer, car il résulte du cours naturel des choses, non d’une volonté arbitraire. Mais cette division, bonne et légitime dans son principe, pourrait dégénérer en isolement funeste, et c’est ce qu’il importe de distinguer nettement. La division est bonne, si chacun ne perd point de vue l’unité primitive, si le théoricien conserve et cultive l’intelligence de la pratique, le praticien l’intelligence de la théorie. Là où cette harmonie est détruite, là où la séparation de la théorie et de la pratique est une séparation absolue, la théorie court grand risque de devenir un vain exercice pour l’esprit, la pratique un métier purement mécanique.

Quand je dis que le théoricien doit cultiver l’élément pratique, j’entends l’intelligence de cet élément, non son application réelle, quoique une application bien dirigée de la pratique soit souvent la voie la plus sûre pour en comprendre l’esprit. Ceux que la science passionne le plus trouvent parfois dans l’étude d’une espèce le meilleur des enseignements, et parviennent à une vivacité d’intuition que les livres et leurs propres ré-