Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/252

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doit être saisie par l’intelligence ; car il n’est pas dans l’ordre ordinaire des choses que chaque loi soit suivie d’une autre qui l’explique, et d’ailleurs, en attendant la loi explicative, il faudrait toujours avoir recours à l’action libre de l’intelligence. Cette définition admise, ce que l’on appelle interprétation légale n’est pas une espèce d’interprétation, mais bien plutôt le contraste, l’exclusion, la défense de l’interprétation véritable, c’est-à-dire l’action libre de l’intelligence. La définition que je donne se trouve justifiée, comme contenant le rapport évident et incontestable de la règle à l’exception. Ainsi donc, j’emploierai désormais le mot générique interprétation pour désigner l’interprétation doctrinale.

Des auteurs modernes ont renversé le rapport de la règle et de l’exception. Ils prétendent que l’interprétation est législative de sa nature, et qu’elle ne peut appartenir à une classe de fonctionnaires ou aux citoyens, sans une délégation de l’autorité souveraine[1]. Cette opinion se rattache à celle des auteurs modernes, qui regardent l’interprétation non comme une explication simple et vraie, mais comme une modifi-

  1. Zacharia, Hermeneutik des Rechts. Meissen, 1805, p. 161-165.