Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/257

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de l’interprétation, passer sous silence un de ces éléments dont la mention serait inutile ou pédantesque. Mais la réussite de l’interprétation tient à deux conditions essentielles où se résument les caractères de ces divers éléments. D’abord, nous devons reproduire en nous-mêmes l’opération intellectuelle d’où sort la pensée de la loi ; ensuite, les faits historiques et le système du droit, qui seuls jettent du jour sur une loi particulière, doivent nous être assez présents dans leur ensemble pour que nous y rattachions immédiatement le texte à interpréter. Ces deux conditions mûrement examinées nous expliquent un phénomène qui pourrait nous rendre suspecte la rectitude de notre jugement. Nous trouvons quelquefois dans de savants auteurs de erreurs d’interprétation qui semblent incroyables, et où ne tomberait peut-être pas un élève distingué auquel le même texte serait soumis. Cela se voit surtout pour les nombreuses espèces qui forment une partie si considérable et si instructive du Digeste.

Le but de l’interprétation est de tirer de chaque loi le plus d’instruction possible ; elle doit donc être à la fois individuelle et féconde en résultats[1]. Le succès de l’interprétation admet

  1. Le mot interprétation (explicatio) est le plus propre à exprimer cette idée ; car par là on entend l’exposition complète de