Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/285

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contre toute altération arbitraire, est une vaine sollicitude, car le texte donné n’existe nulle part. Si l’on cherche à déterminer ce qu’ils regardent comme tel, alors commencent les divergences et les incertitudes. Ce serait la vulgate établie par l’école de Bologne, si cette école en eût fait une. L’unanimité des manuscrits aurait un caractère saisissable, quoique nullement hostile aux droits de la critique ; mais on n’a pas en vue cette unanimité. En effet, dans les cas douteux on n’a, pour ainsi dire, jamais essayé de la constater ; d’ailleurs, si l’on repousse la critique dans la crainte de bouleverser par une recherche plus profonde la jurisprudence des tribunaux, la comparaison des manuscrits aurait précisément ce danger. Si, sous ces différentes formes, le texte donné, le texte infaillible nous échappe, il ne nous reste plus à accepter pour tel que le texte dont on se sert communément, celui consigné dans les éditions les plus répandues, les éditions de Godefroy, par exemple[1]. Mais une définition aussi vague et aussi arbitraire ne saurait être prise au sérieux.

  1. La plupart des adversaires de la critique partagent cette opinion, sans s’en rendre compte à eux-mêmes ou l’exprimer bien clairement ; mais elle est nettement professée, au milieu de beaucoup de confusion, dans Dabelow, Handbuch des Pandecteurechts, Th. I, p. 204 (Halle, 1816). Cependant, l’auteur agit tout au contraire et donne à la critique de grandes libertés.