Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/287

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ter la leçon qu’elle juge préférable, sans être tenue de s’en rapporter exclusivement à une certaine classe de manuscrits, les manuscrits de la vulgate, par exemple. Cette espèce d’indépendance de la critique a été reconnue, dans des circonstances remarquables, par ceux-là même qui, en théorie, nient sa légitimité. Ainsi, plusieurs fragments du Digeste, mutilés dans le manuscrit de Florence et ne donnant aucun sens, ont été complétés par des textes d’une authenticité évidente empruntés à d’autres manuscrits, et le cas inverse n’est pas moins fréquent[1]. Je ne connais aucun auteur dont le rigorisme ait repoussé ces deux espèces de rectifications, et pourtant, parmi les restrictions arbitraires énumérées plus haut, l’opinion qui attribuerait au texte de Bologne une autorité exclusive trouverait dans l’histoire le plus d’apparence de fondement. À la vérité, pour la plupart de éditions que l’on peut consulter, le besoin de ces rectifications ne se fait pas sentir, parce qu’elles y sont déjà faites ; preuve évidente qu’à aucune

  1. Savigny, Histoire du droit romain au moyen âge, vol. III, § 167, 171. Peut-être dira-t-on que ces compléments, tirés du manuscrit de Florence, faisaient déjà partie de la vulgate, Mais les jurisconsultes de Bologne nous ont laissé à faire bon nombre de rectifications semblables, qui, plus tard, ont été effectuées d’après le manuscrit de Florence, et contre lesquelles on n’a jamais réclamé.