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ciennes, ou même les anéantir, si elles sont devenues étrangères à l’esprit et aux besoins du temps.

§ VIII. Le peuple.

Jusqu’ici j’ai considéré le peuple comme le sujet actif et personnel du droit. C’est ce sujet dont je vais examiner la nature et le caractère.

Quand on envisage le droit d’une manière abstraite et indépendamment de son contenu, on y voit une règle d’après laquelle un certain nombre d’hommes vivent en société. Si on se borne à l’idée d’une agrégation d’individus quelconques, on est conduit à regarder le droit comme son invention, invention sans laquelle la liberté extérieure des individus ne saurait subsister. Mais cette réunion accidentelle d’un certain nombre d’hommes est une hypothèse arbitraire, sans l’ombre de vérité ; et si jamais une société pareille existait, elle serait impuissante à créer le droit ; car il ne suffit pas qu’un besoin s’éveille pour que nous ayons les moyens de le satisfaire. Partout, au contraire, où nous voyons des hommes rassemblés, et d’après les témoignages de l’histoire la plus reculée, partout nous trouvons une communauté de rapports intellectuels attestée par l’usage d’une langue commune, qui sert à fixer et à développer ces rapports. C’est de cet