Page:Froger - À genoux, 1878.djvu/214

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Loin, loin ! loin de tous mes plus chers amis,
Dans un ciel, comme un bois, plein de lauroses
Et de vieux palmiers toujours endormis.

Nous habiterons deux chambres bien closes,
Dans ce grand bois plein de parfums troublants ;
Et nos lits seront couronnés de roses ;

Lits d’ambre et d’ivoire où, dans les draps blancs,
Pâle, par les soirs éternels, ô brune,
Je caresserai tes bras et tes flancs.

La nuit, sous les chauds rayons de la lune,
Nous évoquerons nos vieux jours et les
Souvenirs de notre antique infortune.

Nous évoquerons les deuils envolés,
Qui furent si durs ! mais dont la mémoire
Sera chère à nos deux cœurs consolés.

Et longtemps, longtemps ! dans la forêt noire
Qu’illuminera l’azur de tes yeux,
Nous promènerons nos désirs de gloire.