Page:Froger - À genoux, 1878.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XXVII

LE VAINQUEUR


J’aurai vécu comme un guerrier. J’aurai lutté
Pour le relèvement des dieux aux pieds d’ivoire,
Pour l’âme véritable et pour l’Art illusoire,
Et surtout, ô mon cœur ardent ! pour la Beauté.

Et plus tard, quand le Dieu noir m’aura remporté,
Les peuples à venir qui chanteront la gloire
Des morts, après la palme acquise et la victoire,
Ne sauront pas si j’ai seulement existé.

Mais dans un ciel fleuri comme un jardin, les Anges
Brûleront sur mes pas l’encens de leurs louanges ;
Et je serai célèbre entre tous les guerriers ;

Et les vierges aux longs cheveux d’or et de soie
Couronneront mon front triomphal de lauriers ;
Et les anciens héros en pleureront de joie.