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VII


 
La nuit avait été lugubre. J’étais seul,
Pleurant. Quand tout à coup soulevant son linceul
Et dressant ses deux bras comme un mort qu’on oublie,
Le matin se leva plein de mélancolie.
Elle s’en vint avec cet air bon et pieux
Que les femmes les plus froides ont dans leurs yeux,
Et ce je ne sais quoi de grave et de sauvage
De la chair condamnée à l’éternel veuvage.
Elle vint et posa ses deux mains sur mon front.
Oh ! bien longtemps mon âme et mon cœur souffriront,
Mais toujours je verrai, dans un impérissable
Rêve, le mouvement dont cet être adorable
Me tendit ses deux mains blanches et les posa
Sur mon front, quand mon cœur lugubre agonisa.