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VIII


 
Je donnerais ma vie entière pour pouvoir
Une dernière fois dormir, grand Ange noir,
Dans ta couche sur ta chère tête, dussé-je
Ensuite et pour toujours m’enfouir dans la neige
Des tombes ! Il faudra que je te dise encor :
Je t’aime ! et que ce cri, comme le chant d’un cor
Douloureux ou la voix funèbre d’une cloche,
Mugisse dans ton cœur comme dans une roche !
Et que toute la nuit, quand nous serons couchés
L’un près de l’autre, froids, tristes et rapprochés,
Il emplisse ton cœur lentement, ô Maîtresse,
Comme l’appel dernier d’une armée en détresse,
Et qu’il t’éveille, et qu’il te fasse jusqu’au jour
Pleurer d’orgueil, et puis encor pleurer d’amour.