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Page:Froissart - Œuvres de Froissart, Chroniques, Tome 1, 1873.djvu/475

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cognoissance et en leurs marches et entour leurs voisins ; et ainsi veulent continuer de poursuivre en celi fait d’armes, pour les grâces que Dieu leur en a faittes. Et de ceste mestier d’armes se tiennent pour contens pour les grans los qu’il en ont et entendent à avoir ; et vraiement il sont bien à loer, combien que : ’’qui plus fait, miex vault’’.

Dont me convient après ces fais d’armes de pais dessus nommés, parler d’autres estas de gens d’armes pour la guerre ; car plusieurs en plusieurs manières en attendent à faire leur corps en celi mestier ; et pour ce parlerai-je premièrement de ceulx qui suient et hantent les guerres en leurs pays, sans aler en loyntaines marches, et qui moult sont à loer pour leurs grans fais et emprises qu’ils ont fais et font de leurs sens et de leurs corps et de leur main, comme ceulx qui ont guerre en leur chief, pour deffendre leur honneur et leur héritage, comme de ceulx qui veulent faire guerre pour aidier à deffendre l’onneur et héritage de leurs amis charneulx, comme de ceulx qui demeurent et servent leur droit seigneur en ses guerres pour deffendre et garder l’onneur et héritage de leur dit seigneur, soubs qui ils tiennent leur chevance ; car la foy et loyauté qu’ils doivent à leur seigneur, ne peut estre mieux monstrée qu’à le servir et aidier loyaument à tel besoing comme de fait des guerres, qui est si pesant comme de mettre corps, honneur et chevance tout en aventure.

Et autres en y a encores qui veulent servir les amis, quant ils ont à faire aucun fait de guerre ; et aucuns en y a, qui n’ont de quoy yssir de leurs pays. Et quant Dieu donne grâce à tels gens dessus nommés de bien faire et de bien guerrier et d’emporter grâce en plusieurs bonnes journées que ils pèvent avoir, icelle gent doit l’en prisier et honorer, qui si bien se sont portés et gouvernés en leurs marches. Et bien semble que autre part le seussent-il bien faire. Et si osé-je bien dire que toutes gens d’armes qui bien l’ont fait en ce mestier, et à qui il en est bien pris et souvent, et fust fait en leur pays tant seulement, que en leur pays et entre toutes gens l’on les doit